Dans les griffes du lion            Page 4 sur 5
par Serge Marc
 

CHAPITRE 2



Deux mains venues de nulle part se cramponnent à la jointure des portières. Dépourvues de corps et de poignets, elles ressemblent à deux grosses araignées maléfiques. Malgré des doigts étrangement courts et renflés qui me fascinent car ils sont dépourvus d'ongles, elles serrent fermement les gros joints en caoutchouc servant à amortir la fermeture des portes. Virginie tourne le dos à la scène et ne voit rien, mais elle comprend bien à nos mines qu'il se passe quelque chose. Le train roule à pleine vitesse maintenant et je commence à me lever. Au moment où Boubak et moi-même nous nous apprêtons à intervenir, les portières s'écartent et un homme apparaît enfin ! Alors je me rassois.

- Qu'est-ce qui se passe ? demande Virginie à voix basse.
- Rien... je lui réponds, encore légèrement tendu. Mais elle sent bien que ce n'est pas vrai.
- Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-elle à nouveau, cette fois-ci en s'adressant à Boubak.
- C'est un vieux pépé qui vient de rentrer dans le wagon, c'est tout..., lui répond Boubakar. Ne te retourne pas. Ça ne se fait pas... C'est un vieux grand-père, pas un animal de foire...

Boubak a des principes et il aime qu'on les applique.

- Boubak. Tous les grands-pères sont vieux, lui répond Virginie. À ma connaissance, le plus jeune a déjà dépassé les trente-cinq ans, ce qui signifie qu'il n'est plus de la toute première jeunesse. Comprends-tu ? En supposant qu'il n'ait qu'une espérance de vie de 70 ans, il a déjà un pied dans la tombe, c'est mathématique. Alors s'il te plaît, ne dis plus jamais un vieux grand-père et en échange je ne tournerai pas la tête. Décris-le moi simplement.
- C'est un vieux papi, c'est tout, grogne Boubak. Il n'y a rien à dire.
- Un vieux papi qui vous a fichu la trouille, c'est totalement banal, rétorque Virginie. Bravo pour le commentaire journalistique.

Suite
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